Historique régimentaire




HISTORIQUE du 63° Régiment d'Infanterie 




DE L'ARDENNE A LA MARNE - LE MOIS TERRIBLE
(Août - Septembre 1914)

Le 63° quitte Limoges, sous le commandement du lieutenant-colonel Paulmier, le 5 août 1914, et débarque en Argonne, dans la région de Valmy.

Le 12° corps est bientôt engagé dans la grande bataille des frontières. Le régiment, plein d'ardeur, malgré la chaleur accablante, marche au nord-est, traverse la région boisée de Varennes et de La Ferté. Dès le 18, on entend le canon : la IV° armée prend l'offensive dans le Luxembourg belge (22-23 août). Le 12° corps est victorieux, mais obligé d'obéir à l'ordre général de repli sur la Meuse. Le régiment, au moment de s'engager, doit faire demi-tour dans la forêt d'Orval. Il est chargé de couvrir la retraite. C'est le début d'une dure période où les trois bataillons fourniront quotidiennement l'arrière-garde du 12° corps jusqu'à la victoire de la Marne.

Le combat de Blagny
(24 août)

Le 24, dans le région de Carignan, baptême du feu ; à 1 heure de l'après-midi le 1er bataillon (de Villadary), près du village de Blagny, se porte à l'attaque de l'infanterie ennemie qui serre de près la 24e division. Les nôtres exécutent, méthodiquement, comme à la manœuvre, plusieurs charges à la baïonnette ; la progression allemande est arrêtée ; le bataillon a perdu une centaine d'hommes, mais il a retardé jusqu'au lendemain le passage de la Chiers par l'ennemi (1) .

Le combat de La Besace
(28 août)

Le 12e corps livre bataille pour empêcher l'Allemand de franchir la Meuse. Dès 8 heures du matin, le régiment est appelé à renforcer la ligne. Etabli à la lisière du bois de Yoncq, près de La Besace, il repousse, durant 3 heures, des attaques acharnées. Les efforts, trois fois renouvelés de l'ennemi, se brisent sous le feu nourri de nos mitrailleuses et de nos fusils. Il ne peut déboucher sur les bois.

Mais le 2e bataillon (Gueytat) doit faire front à un ennemi plus nombreux encore et plus acharné. L'ennemi parvient à s'infiltrer par les cornes des bois, menaçant d'envelopper le régiment. Le bataillon lutte corps à corps et essuie des pertes élevées. Cette belle résistance permet au 63e de s'installer sur une ligne de repli marquée par les hauteurs boisées de Stonne. L'ennemi, fatigué et rendu prudent, laisse passer la nuit sans attaquer nos avant-postes. Notre régiment, qui a perdu 9 officiers et 724 hommes, a contribué au succès du 12e corps. L'armée von Hausser, cruellement éprouvée, a perdu quarante-huit heures et n'a pu produire la fissure dans les armées françaises (2) . 

Dès le lendemain, la retraite reprend. Le 63e , toujours en arrière-garde, et tenant en respect les fractions avancées de l'ennemi, gagne la ligne de l'Aisne.

Dures journées de retraite. Nos hommes supportent vaillamment les fatigues écrasantes de la marche, la faim, la soif et toutes les misères de la guerre. Personne ne reste en route. On se " débrouille " à merveille et nul ne désespère du salut de la patrie. Que d'anecdotes pittoresques ou touchantes chaque vétéran du 63e n'a-t-il pas à conter ?